POURQUOI DES REPARATIONS SONT ELLES DUES AUX AFRO-DESCENDANTS

Date de publication
09/12/2020 - 18:52

QU’EST-CE QUE LES REPARATIONS ? 

La réparation  est un principe général c’est-à-dire  une règle non-écrite de portée générale qui n’est pas obligatoirement formulée dans un texte mais que le juge considère comme s'imposant à l'administration et à l'Etat.

En droit français les tribunaux considèrent que toute personne victime d'un dommage, quelle qu'en soit la nature, a droit d'en obtenir réparation de celui qui l'a causé par sa faute. 

A la conférence de DURBAN Martin BELINGA EBOUTOU a donné des réparations des crimes contre l’humanité la définition suivante : « Les réparations ne devraient pas être considérées comme un acte de compassion ou de charité mais comme l’affirmation des droits fondamentaux de l’Homme ». 

La  réparation doit donc tendre  à la restauration de l’humain,  victime d’un tel crime, dans sa dimension spirituelle et dans sa dignité de personne humaine. 

Pour qu’il y ait réparation, il faut un crime, un ou des auteurs une ou des victimes et des préjudices réparables 

LE CRIME 

La traite négrière et l’esclavage des noirs constituent légalement  des crimes contre l’humanité 

*La loi Taubira du 21  mai 2001 édicte : La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité.*  

*Selon la charte de Nuremberg  constitue un crime contre l’humanité tout acte répréhensible perpétré à l’encontre des populations civiles de nature à offenser la conscience de l’humanité. 

*Selon l'article 6 des statuts du Tribunal international de Nuremberg du 8 août 1945 le crime contre l'humanité concerne "l'assassinat, l'extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte inhumain commis contre toute population civile, avant ou pendant la guerre, ou bien les persécutions ...30 sept. 2015 

Tant en droit international qu’en droit français,   la traite transatlantique et l’esclavage sont des crimes contre l’humanité  qui ouvrent droit pour les victimes à des réparations. 

Mais il est important de rappeler que ce crime est,  par sa nature pluri destructrice de la personne humaine unique et exceptionnel tant par sa durée (4 à 5 siècles) que par la dispersion calculée  de enfants génocidés, et des parents déportés loin de leur continent après avoir traversés plusieurs mers et océans ainsi que  par la diversité des sévices mis en œuvre pour rentabiliser au maximum l’africain réduit en esclavage. 

*En 1968, la Convention sur l'imprescriptibilité des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité déclare l'imprescriptibilité de ces derniers. Autrement dit les victimes peuvent demander réparation sans se voir opposer l’ancienneté du crime. [] 

LES AUTEURS 

  • Les Etats européens, dont la France,  ont organisé et facilité ces actes criminels en édictant notamment des codes pour légaliser la traite et réglementer le statut des personnes réduites en esclavage et ont également profité des produits de ces crimes. 

En droit français l’Etat est permanent. Il demeure le même au travers les siècles.  Il est donc redevable aujourd’hui des réparations pour les crimes commis il y a des siècles. 

Les  grandes compagnies et sociétés  privées et nationales européennes  qui  se sont enrichies en retirant des bénéfices substantiels de ces crimes, les  successeurs qui ont hérité des fortunes  de ces criminels et en tirent encore leur richesse, s’ils ne peuvent être poursuivis pénalement, doivent  réparer en application du principe général de  réparation. 

Y A-T-IL UNE RESPONSABILITE AFRICAINE ? 

Les européens invoquent pour semer le trouble et éviter de faire face à leur responsabilité, le  fait qu’il y a eu des africains vendeurs d’esclaves et que  l’esclavage était déjà pratiqué  en Afrique. 

Il sera fait observer que : 

  • L’Afrique n’a pas profité de ces crimes, elle en a été la victime. Seuls les marchands et les Etats européens en ont tiré profit  et se sont enrichis. 
  •  La pratique guerrière des européens,  et l’impunité dont ils jouissaient leur ont  permis de manipuler et de contraindre certains royaumes africains à une collaboration qui a privé l’Afrique de ses forces vives. 
  •  L’Afrique n’était pas esclavagiste mais connaissait,  comme tous les pays de l’époque,  un  système de servitude qui n’a rien à voir avec les crimes perpétrés aux Amériques par les européens où il y avait un racisme ontologique et où l’on déniait aux Afro descendants   toute humanité. 

LES VICTIMES ET LEURS PREJUDICES REPARABLES 

  Les peuples du continent africain 

Si les victimes directes sont décédées, les préjudices engendrés par la traite négrière et l’esclavage sont bien présents sur le continent africain. 

L’Afrique pillée,  spoliée par la traite puis la colonisation,  subit encore les conséquences sur le plan économique et social de ces crimes qui se traduisent par la domination de l’occident qui continue à piller ses  ressources e et de la contrôler avec la complicité de chefs d’Etat corrompus. 

En outre,  la traite négrière divisa les peuples d’Afrique en engendrant des guerres fratricides. De nombreux peuples furent massacrés et d’autres  furent contraints, sous peine de disparition,  de devenir vendeurs d’esclaves. L’Afrique porte le poids de cet avilissement. 

Ces préjudices doivent être réparés. 

La diaspora africaine aux Amériques et dans la Caraïbes 

Les conséquences de la traite et de l’esclavage sont bien présentes dans la vie des afro descendants vivant en Amérique du Nord (USA, Canada) qui subissent    un racisme et une discrimination quasi quotidiennement en toute impunité.  

Exclusion pauvreté chômage précarité criminalité toxicomanie touchent en priorité les noirs. 

Les peuples de la diaspora des pays  indépendants de la caraïbe  sont dans l’incapacité de faire un développement économique et social  harmonieux danleurs pays qui subissent  encore le poids des siècles d’asservissement. 

Ceux qui sont encore sous administration française  (la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane) sont enfermés dans un système d’assistanat et de surconsommation. 

 Ils  ne disposent  d’aucun pouvoir de direction du pays et se voit imposer une législation et un système économique et social exogène qui  induisent dévalorisation manque d’esprit d’initiative et d’entreprise. 

QUELLES FORMES DEVRONT REVETIR LES REPARATIONS ? 

Il s’agit d’une question essentielle que nous devons appréhender dans toutes ses dimensions. 

Certains font des propositions exclusivement financières  et qui consistent  à calculer le prix du travail non rémunéré du à  nos ancêtres et à le reverser soit aux afro descendants, soit à  un fond social crée pour permettre un changement de société en traitant les aspects psychologiques, économiques, le retard de développement etc..  

De telles propositions relèvent d’une vision parcellaire, individualisée et  limitée de la réparation synonyme d’un monde injuste  hiérarchisé et guerrier qui ne tient aucunement compte de la nature du crime. 

Nous demandons une réparation intégrale qui procède d’une vision plus juste de ce crime. 

En effet, nous savons que  ces crimes  ont engendré des traumatismes pouvant créer des perturbations dans l’environnement du génome humain des Afres. Que dans le même temps, ils ont  permis à l’occident de se développer sur le plan économique par l’accumulation des richesses générées par la surexploitation des êtres humains travaillant gratuitement  ouvrant l’ère du système capitaliste et productiviste à l’origine des dégâts sur l’environnement naturel de la planète. 

Le crime étant globalisé transgénérationnel et pandémisé, la réparation doit donc être intégrale porteuse de  justice économique sociale écologique, et de paix sur la planète. 

 Dans la vision d’une réparation intégrale, il importe de faire un travail de recherche en amont. 

 Il convient tout d’abord d’ exiger le versement de fonds substantiels mais  en vue de constituer un groupes d’experts dans tous les domaines (sciences humaines, médicales etc.) lesquels, sous l’égide d’une  commission constituée à cet effet,  devront,  en associant  à leur travail les citoyens et des associations,  établir une liste la plus complète des préjudices  et réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour parvenir à de véritables réparations.. 

Les réparations auront  donc des formes financières qui  s’inscriront dans le cadre d’actions pensées par les afro descendants  eux-mêmes. Mais elles doivent  se traduire également par des actes politiques et économiques forts des pays occidentaux visant à mettre fin à des siècles de domination (accès  la  souveraineté, retrait des pays occidentaux dans des pays encore colonisés, restitutions des sommes provenant des pillages etc.).   

Notons qu’il existe déjà au sein de nos sociétés des personnes qui réfléchissent sur ces réparations visant à restituer  aux  AFRES  leur dignité humaine et leur droit à vivre dans une société juste et harmonieuse. 

Le 31 juillet  2019 

Pour le MIR 

M. MALSA Président  

C. DUHAMEL Vice Présidente