Il y a 5 siècles, des dizaines de millions d’africains furent arrachés à leur patrie et déportés vers les Amériques. Beaucoup ont péri, durant la traversée faisant de cette partie de l’océan atlantique qui relie le continent africain à l’Amérique le plus vaste cimetière de la planète.
Pour ceux qui survécurent commença une longue et terrible histoire de déshumanisation,
d’humiliation permanente et de tortures. Les droits élémentaires attachés à la personne
humaine furent tous bafoués piétinés.
Dans l’univers concentrationnaire des habitations esclavagistes, l’horreur régna en maître,
accouchant d’une population d’AFRES1 humiliée, niée avec pour compagne une souffrance
profonde infinie et l’imposition de la culture du maître esclavagiste comme seul modèle
acceptable.
L’AFRES fut sommé de supprimer la mémoire de l’Afrique, et d’accepter de vivre dans le
rôle assigné par le maître créole : celui d’un être diminué ; asservi, dominé par les maîtres
blancs seuls faiseurs de civilisations.
Mais, cette situation aussi désespérante soit elle ne pouvait résister au génie humain toujours
à l’œuvre dans chaque être humain et qui lui montre le chemin de vérité même dans les pires
moments de son existence.
Dès leur arrachement à leur terre natale nos ancêtres ne cessèrent de résister de toute leur
force à cette atteinte à leur humanité et de proclamer leur droit à réparation.
Cette conscience bien plus forte que tous les actes visant à leur dépersonnalisation leur donna
la force, le courage, et la détermination de dire NON, de se rebeller, d’affirmer leur humanité
et d’exiger d’être restaurés dans leurs droits d’êtres humains.
C’est ainsi que, durant la période esclavagiste aux Etats Unis la revendication de réparation
apparait clairement dans des documents écrits par des esclaves et des affranchis qui déjà
parlaient d’indemnisation de compensation voire d’expiation. Il y eu même des actions
judiciaires en ce sens.
Mais c’est dans le vécu d’une culture africaine, interdite par les maitres blancs durant la
période esclavagiste, que les AFRES manifestèrent leur détermination de résister pour garder
le lien ténu qui les unissait toujours à l’Afrique.
1Africains Réduits en Esclavage
La pratique de la culture africaine présente dans toute l’Amérique et la caraïbe a été une
véritable démarche d’auto réparation et a donné lieu au vrai génie culturel et artistique des
AFRES.
Notre culture ne peut s’appeler créole tant elle traduit à la fois la souffrance de nos ancêtres
déportés et la mémoire de l’Afrique qui nous ont été transmises de manière occulte mais bien
réelle.
Nous pouvons donc affirmer que la conscience de la nécessité de la réparation du crime subi a
toujours été présente même dans les pires moments de la période esclavagiste.
Quand dans les colonies françaises vint le au moment de mettre fin à l’esclavage, les autorités
coloniales françaises comprirent qu’il leur fallait prendre des dispositions pour que la question
de la reconnaissance de leurs crimes et celle des réparations dues aux afro descendants soient
occultées afin qu’elles ne puissent plus jamais se poser.
Ils choisirent d’indemniser les esclavagistes pour la « perte de leur bien » et de mettre en
œuvre pour les AFRES une politique de l’oubli et d’assimilation aux valeurs des esclavagistes
lesquels conservaient toutes les richesses du pays.
Les AFRES n’avaient plus le statut d’esclave mais celui d’affranchi soumis à un système de
créolisation quasi institutionnel qui exigeait qu’ils oublient leur culture africaine pour adopter
elle du maître, aspirant à lui ressembler.
Il faut dire qu’il leur était enseigné que les africains n’avaient pas de culture, qu’il s’agissait
de sauvages, que le blanc avait heureusement réduit en esclavage pour le civiliser d’autant
qu’ils s’adonnaient à des pratiques malfaisantes.
Ils étaient devenus des créoles, une sorte de mélange biologique et culturel de plusieurs
espèces humaines qui leur avait conféré une culture singulière les situant au milieu de nulle
part !
Cette créolisation a institué un véritable système inégalitaire puisque les descendants des
AFRES, niés en tant que personnes humaines, non maitres de leur destin et sommés de
copier la culture des dominants, étaient placés ce fait sous leur autorité.
La dénonciation de ce système par nombre de nos glorieux combattants se perdit dans les
méandres de la revendication politique d’un pseudo égalité avec le colon blanc, et du mirage
d’une assimilation réussie avec la société blanche développée, gage d’un meilleur avenir pour
les descendants des AFRES.
Cependant, la conscience de l’injustice, bien qu’empêchée par le pouvoir colonial, est restée
bien présente chez les descendants des AFRES, et c’est tout naturellement que dans les
dernières décennies des voix se sont élevées au sein de nos peuples pour exiger que la traite
négrière et l’esclavage des noirs soient reconnus comme des crimes contre l’humanité et
qu’ils soient réparés par les anciennes puissances esclavagistes.
Grâce aux actions de leurs associations, ils ont obtenu que l’Etat français reconnaisse que la
traite négrière et l’esclavage constituent des crimes contre l’humanité. C’est une avancée
considérable qui ouvre la voie aux réparations même si la France a prétendu l’exclure de sa
loi. Des associations dont le MIR et le CIPN s’en sont d’ailleurs saisi pour déclencher des
actions judiciaires en réparation.
Aujourd’hui c’est l’union européenne qui prend des positions allant dans le sens d’une
réparation par les anciennes puissances esclavagistes des conséquences de l’esclavage.
Le combat pour la réparation est devenu international, il s’assume et s’organise malgré
l’hostilité des nations occidentales qui font tout pour le faire échouer. Mais il ne sera pas
gagné sans l’union de tous les afro descendants qui doivent être unis et solidaires pour
poursuivre ce long chemin.
Nous avons été trop longtemps coupés de notre matrice originelle. Le moment est venu de
faire table rase des ruses et manœuvres de l’occident pour nous diviser et nous empêcher
d’agir ensemble.
Le moment est venu de nous auto réparer en nous reconnectant à notre terre mère et à
nos frères d’Afrique, au sein de Konvwa, outils de communication utilisés par nos ancêtres pour survivre dans l’enfer du système esclavagiste.
Concept conçu par les esclaves, « les konvwa » ; sont des « sociétés d'esclaves » considérées
à L’époque comme émanant des « nations » d'esclaves et des regroupements auxquels elles
avaient pu donner lieu, dès le début de la colonisation et du système esclavagiste, d'une
plantation à l'autre, voire d'une île à l'autre. Ces convois étaient considérés par les autorités
coloniales comme de redoutables pôles d'informations et d'organisations clandestines des
esclaves, « difficilement contrôlables ». (La France a-t-elle aboli l’esclavage? de Nelly
SMICHDT).
Les konvwa du Mouvement International pour les Réparations ont été institués en
2001, sous l’impulsion d’hommes et de femmes militant qui luttent, depuis 1992, pour que l’esclavage soit reconnu comme crime contre l’Humanité.
Ces konvwa sont des espaces de rencontres mobiles où s'expriment les uns et les autres
autour de thèmes concernant la situation de nos peuples afro descendants. Les convoyeurs
aiment à se déplacer avec des drapeaux panafricains et ceux qui identifient leur pays
d’origine.
Chaque konvwa renferme un moment de réflexions profondes autour de nous-mêmes.
C’est un lieu de thérapie qui favorise la communion avec nos ancêtres qui nous guident dans
les étapes devant nous mener à notre réparation intégrale. C'est l'illustration pratique d'un
appui incontestable aux actions judiciaires menées par le MIR contre l'état français et ses
alliés.
La volonté de faire connaître cette démarche à nos frères et sœurs africains est une des
priorités du président G.MALSA qui visent à leur faire savoir également notre souhait de
participer à la Renaissance Africaine qui est en marche.
C’est donc à travers cet unique outil qui est le nôtre que nous avons voulu entrer en relation
directe avec nos frères et sœurs du continent africain. C'est un voyage de retour, de
reconnexion. Un retour aux sources, certes !
Mais pas n'importe comment !
Un voyage-retour volontaire et non imposé. Une démarche d’auto réparation
Le 5 aout 2019
Pour le MIR
C. DUHAMEL Vice présidente
Intervention de M HOMBEL, représentante du MIR, Mouvement International pour les Réparations, MARTINIQUE, au sommet initié par le GIB, Groupe D’initiatives de Bakou.
Claudette Duhamel, intervention pour le MODEMAS et le MIR (Mouvement International pour les réparations, Martinique), au sommet du GIB, Groupe d’Initiative de Bacou.
Considérant la résolution 15-14 de l’ONU relative aux droits innés et actif des peuples à disposer d’eux-mêmes à travers la mise en œuvre de la Déclaration sur l’octrois de l’indépendance aux pays