Lettre ouverte au Président du Conseil Exécutif de la Collectivité de Martinique concernant l’empoisonnement du peuple martiniquais au chlordécone

Date de publication
27/03/2021 - 17:38

Monsieur le Président,

Nous vous adressons ce courrier, en notre qualité d’association militant depuis plusieurs années contre les crimes contre l’humanité qu’ont été la traite négrière et l’esclavage dont les graves conséquences impactent encore notre peuple.

De ce fait, c’est tout naturellement que nous avons pris part au combat que mène notre peuple pour obtenir réparation des conséquences sanitaires mais également écologique et économique générées par l’épandage du chlordécone dans nos sols contaminant nos eaux et notre faune.

Dans cette affaire qui met en cause la responsabilité des gros planteurs békés de la Martinique ainsi que des hauts fonctionnaires de l’Etat français, il a été porté à votre connaissance que la juge d’instruction chargée du dossier a indiqué qu’elle envisageait de prononcer un non-lieu au motif que les faits seraient prescrits et que certaines pièces du dossier seraient introuvables.

Face à cette décision, le peuple martiniquais a manifesté en masse le 27 février dernier son refus de voir la justice laisser impuni un tel crime et refuser d’indemniser les victimes de plus en plus nombreuses.

Or, nous constatons que la collectivité que vous représentez ne s’est, à ce jour, pas constituée partie civile auprès du Juge d’instruction de Paris à l’inverse du Conseil Régional de la Guadeloupe.

Afin de montrer la détermination des élus de la Collectivité Territoriale de Martinique de manifester leur opposition à cette tentative des autorités judiciaires françaises d’étouffer cette affaire gravissime, mais également de soutenir le droit à réparation des martiniquais, victimes de ce crime, il serait opportun que la collectivité se constitue partie civile dans la procédure déjà engagée.

Je vous rappelle entre autre, que vous avez en charge le développement économique du pays et qu’indéniablement cette catastrophe écologique qui s’apparente à un véritable écocide du pays affecte non seulement l’agriculture et la pêche mais également l’industrie agro-alimentaire et le tourisme.

Nous pensons que vu l’ampleur d’un tel désastre qui met en péril l’existence même de notre peuple, il est de notre devoir d’agir ensemble de concert et unis.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes respectueuses salutations.

 

A Fort-de-France, le 27 mars 2021

Garcin MALSA
Président du Mouvement
International pour les Réparations